LA PISTE-DECHARGE DE LA HONTE
Le Parquet de Marseille saisi
Le 22 décembre 2023, pour la 3ème fois, la piste-décharge de Spéracèdes a fait la une du quotidien local, avec un titre choc : l'ouverture d'une information judiciaire par le Parquet de Marseille, qui retient 10 chefs d'accusation :
* défrichement sans autorisation de bois ou de forêt d’une collectivité publique;
* réalisation irrégulière d’affouillement ou d’exhaussement du sol;
* infractions aux dispositions du plan local d’urbanisme à Spéracèdes, Grasse, Andon;
* construction ou aménagement de terrain dans une zone interdite par un plan de prévention des risques naturels;
* poursuite de travaux malgré une décision judiciaire ou un arrêté ordonnant l’interruption;
* défrichement sans autorisation de bois ou forêt d’un particulier;
* gestion de déchets sans agrément en bande organisée;
* gestion irrégulière de déchets en bande organisée;
* abandon ou dépôt illégal de déchets par leur producteur en bande organisée;
* gestion irrégulière de déchets provoquant une dégradation substantielle de l’environnement.
Le dossier n'est plus Spéracédois, il s'est élargi au Pays grassois et en particulier aux communes d'Andon et de Grasse.
Retrouvez également le reportage France 3 ici
Pour mémoire, ASPIC a réalisé une rétrospective en image de ces 4 dernières années :
Notre tombeau des rois...
Crédit photo : Nice-Matin Sébastien Botella
En Septembre 2021, Nice-Matin a contacté ASPIC dans le cadre d'un reportage sur les déchets du BTP. Après plusieurs semaines d'enquête, une partie du voile de la piste de la honte de Spéracèdes est levée. Regardez le reportage TV (le chargement peut prendre quelques minutes) :
Le 5 février 2022, 4 mois quasi jour pour jour après le premier reportage, le quotidien des Alpes-Maritimes faisait à nouveau sa "une" sur la piste-décharge de Spéracèdes et la stratégie extravagante élaborée par la sous-Préfète de Grasse pour permettre au maire de Spéracèdes, Jean-Marc Macario, de régulariser l'infraction pourtant bien caractérisée !!
On se serait attendu au lendemain du premier reportage Nice-Matin qui mettait en lumière ce qu'ASPIC dénonçait depuis plus de deux ans, à ce que la représentante de l'Etat intervienne auprès du maire pour qu'il fasse respecter les règles d'urbanisme, voire qu'elle se substitue à lui pour interrompre le chantier et verbaliser l'entreprise.
En lieu de cela, les travaux se sont poursuivis par l'entreprise auteur des infractions, dans le but de "maquiller" la décharge et de lui donner une nouvelle vocation... le tout sous la coordination de l'adjointe aux écoles devenue pour l'occasion adjointe aux travaux !
Couverture médiatique régionale et nationale
A la suite de l'article de Nice-Matin et Var-Matin du 5 février 2022, les médias régionaux et nationaux se sont emparés du sujet de la décharge de Spéracèdes. Vous trouverez ci-dessous les références utiles pour les consulter en ligne directement (Cliquez sur les liens):
- France 3 Provence-Alpes-Cote d'Azur :
article : Près de Grasse, la décharge illégale de Spéracèdes continue de faire polémique : la ministre de l'Environnement a été interpellée.
Et reportage TV : 19/20 Côte d'Azur à partir de la minute 9:40
- BFM Nice Côte d'Azur :
Article et reportage TV : Alpes-Maritimes: une décharge sauvage camouflée sous un chemin forestier à Spéracèdes? avec une vue aérienne tout à fait impressionnante qui fait prendre conscience des proportions de cette décharge !
- Dépêche de l'Agence France Presse reprise par La Croix, L'express, Le Point, Sciences et Avenir...
Simple piste ou "scandale écologique"? A Spéracèdes, les gravats de la discorde
Interview AGORA FM avec Marjorie UGHETTO, naturaliste à réécouter :
Rétrospective des faits
Le maire de Spéracèdes, Joël Pasquelin, appuyé par son Conseil municipal (dont le maire actuel Jean-Marc Macario était adjoint à l'époque) a décidé par une délibération d'octobre 2018 de réaliser un chemin communal en milieu forestier, en zone N du PLU, en limites de bois classés. Ce chemin ne dessert aucune habitation sur la commune de Spéracèdes et se situe en terrain extrêmement accidenté, nécessitant l'abattage de 0,77 ha de bois, et l'apport de plusieurs dizaines de milliers de tonnes de matériaux de remblais sur plus de 10 mètres de hauteur.
Voici le plan de localisation :
La mairie a obtenu pour cela une autorisation de défricher et procédé à un affichage en début de travaux début 2019. Peu après l'affichage avait disparu, le dossier en mairie également ! Le dossier est réapparu par miracle en mairie peu après que le nouveau Procureur de Grasse ait décidé de se pencher sur le dossier...
Les remblais ont nécessité l'apport de dizaines de milliers de tonnes de matériaux rapportés, comportant des déchets de chantiers d'origine non contrôlée (plastiques métaux conduits géotextile béton bitume gaines électriques amiante...).
Cet apport de déchets en tous genres bien dilués, s'est poursuivi pendant le confinement comme en atteste cette vidéo :
Les analyses d'un échantillon suspect prélevé sur site et réalisées par un laboratoire indépendant accrédité, à la demande d'ASPIC ont confirmé sans aucune ambiguité la présence de fibres
d’amiante de type Chrysotile. Les responsables communaux ont immédiatement été avertis de la situation dès l'automne 2019, sans réaction.
Dans le contexte propre à la commune de Spéracèdes et aux antécédents liés au chantier de désamiantage de l'école primaire durant l'été 2016, ASPIC a donc décidé de confier ce nouveau dossier à une instance supérieure afin qu'une enquête soit ouverte. C'est ainsi que FRANCE NATURE ENVIRONNEMENT, réseau national de défense de l'environnement connu pour son efficacité auquel ASPIC adhère, déposait plainte contre X en janvier 2020.
La nouvelle municipalité, dont le nouveau maire JM Macario avait reconduit l'adjoint à l'urbanisme de son prédécesseur, a également été informée et mise face à ses responsabilités dès septembre 2020. Sans plus de volonté d'intervenir que durant le mandat précédent.
Le chantier s'est donc poursuivi durant l'hiver 2019 et le printemps 2020 et fin août, les deux extrémités de la piste étaient sur le point de se rejoindre. Atteignant au plus haut une douzaine de mètres d'épaisseur :
Petite vidéo des lieux en août 2020 :
Après avoir rasé près d'un hectare de forêt, après avoir détruit et englouti les traces de pastoralisme et d'habitations anciennes, les bulldozers s'apprêtaient en septembre 2020 à anéantir définitivement les arrangements de blocs perdus dans une végétation luxuriante qui faisaient le bonheur des aventuriers en culotte courte et de multiples espèces y trouvant fraicheur et obscurité toute l'année. Voici les derniers clichés pris avant que le site ne soit définitivement englouti :
En août 2021 : les camions continuaient de décharger. Une couche de déchets, une couche de terre... Après la démission de son adjoint à l'urbanisme au printemps 2021, le maire Jean-Marc Macario, refuse toujours d'intervenir.
En octobre 2021, une barrière est apparue. D'un côté elle reste ouverte, de l'autre il n'y en a pas... Le site reste ouvert et sans contrôle. Les dépôts de matériaux non tracés et non autorisés se poursuivront jusque fin novembre 2021. Les artisans du coin et d'ailleurs ont pris leurs habitudes... Certains habitants de St Cézaire s'en servent de raccourci bien pratique pour rentrer chez eux. D'autres se promènent en soirée sur la piste devenue attraction à part entière... A part ça ? Rien ne bouge.
En août 2021, après mûre réflexion et plusieurs tentatives infructueuses de conciliation, ASPIC a adressé un recours gracieux au mairie de Spéracèdes, par l'intermédiaire de son avocat, pour lui demander de prendre un arrêté interruptif de travaux et de dresser un procès-verbal contre l'entreprise SEETP qui, en l'absence d'autorisation administrative et de document contractuel a continué d'agir en toute illégalité. La transparence et l’honnêteté sont dues aux citoyen.ne.s de Spéracèdes.
Pour toute réponse à la veille du délai légal, ASPIC avait reçu de la part du maire, Jean-Marc Macario, une lettre d'intention restée sans effet : le maire n'a pris aucune mesure à l'encontre de l'entreprise, mieux le chantier est resté ouvert et actif jusque fin novembre 2021.
Le maire ayant déclaré en Conseil municipal qu'il ne prendrait aucune mesure à l'encontre de l'entreprise responsable, sur conseil de la sous-Préfecture, et la volonté de "maquiller" le dossier devenant une évidence, ASPIC s'est donc adressée en janvier 2022 à la plus haute autorité environnementale, la Ministre de l'écologie, pour demander une enquête administrative.
La procédure suit son cours.
Effondrement annoncé, bientôt confirmé...
Avril 2022, au lendemain d'un nouvel orage, les pentes non stabilisées de la piste-décharge continuent de glisser. Ce qui devait tenir lieu d'une voie de circulation des camions de pompiers s'effondre lentement mais irrémédiablement. L'entreprise en charge des travaux affirme qu'elle a travaillé selon les règles de l'art. Les professionnels du métier apprécieront.
En mars 2022, le maire Macario a fait voter par son Conseil municipal l'augmentation des taxes (foncier bâti, foncier non bâti et taxe d'habitation sur les résidences secondaires) "en prévision de ce que la piste allait coûter aux spéracédois". L'intention serait de "régulariser" l'ouvrage en posant un permis d'aménager : géomètre, architecte, avocat, etc... aux frais du contribuable. Les spéracédois apprécieront.
Il y avait d'autres choix à faire. Il reste d'autres possibilités. ASPIC fait et continuera de faire TOUT pour que les responsables répondent de leurs actes devant la justice et payent pour le préjudice sévère causé à la commune de Spéracèdes et à son environnement naturel.